Ca t'apprendra à vivre
vendredi 17 et samedi 18 novembre 2006
Espace 44 - Lyon
Texte de Jeanne Benameur (édité chez Denoël)
Mise en scène de Claude Défard
Avec Raymonde Palcy
Lumières : Jord Le Dortz
Costume : Marylène Richard
« Algérie janvier 1958, France décembre 1958 », tel est le sous-titre de la pièce.
On imagine alors que le centre du spectacle sera politique, dans le contexte des « événements »…Non, de la Guerre d’Algérie.
Mais ce n’est pas le cas, au centre cette petite fille, cette femme qui regarde la petite fille qu’elle a été.
Au centre, un énorme besoin d’amour, une envie d’unicité.
Pour résumer, le petite née d’un père arabe et d’une mère française d’origine italienne. La famille – une sœur aînée, un frère et les deux petites et les parents bien sûr – vit en Algérie. Mais bientôt ils seront rejetés des deux communautés arabe et française et devront partir en France. Mais l’intérêt du texte réside dans le regard que porte cette fillette sur le monde qui l’entoure : un regard lucide, acide d’une petite qui voudrait être une – unique dans son intégrité. Je n’en dirai pas plus sur ce texte : je vous encourage seulement à le lire…
J’ai vu le spectacle deux soirs de suite et j’ai bien fait ! Si le spectacle est dit « vivant » c’est bien qu’il s’agit de formes qui ne sont pas immuables, et c’est bien que le spectateur a sa part de responsabilité dans le spectacle qu’il reçoit. Tout ça pour expliquer que le première représentation ne m’avait pas convaincue : tout me semblait parcellisé, pour ne pas dire pixélisé, tant l’espace scénique que les déplacements de la comédienne que son jeu. Je réalisai que j’était assise au premier rang d’une salle offrant peu de recul (grosse litote) et décidai de revenir le lendemain et de m’asseoir au fond (je reculai donc de deux rangs). Et tout changea : j’ai vu un spectacle sensible, drôle et intelligent ; une comédienne généreuse offrant perspective et vie au texte.
La petite fille se cherchait une.
Moi, j’avais trouvé « l’unité » d’un beau spectacle.