Festival Extensions
mardi 7 novembre 2006
Centre Chorégraphique National de Tours
Ciné-concert de films documentaires
Mise en musique et improvisations :
Sébastien Rouiller : machines
Stéphane Babiaud : batterie, vibraphone, percussions
Stéphane Xérès : guitare
Cécilia Ribault : voix
Soirée proposée par Contre-Feux.
Elle sera de nouveau présentée le dimanche 12 novembre à 17h30 au Petit Faucheux.
Un nouveau festival de cinéma est né à Tours.
Après Acteurs Acteurs dont le volet cinéma avait été supprimé il y a quelques années,
Après De l’encre à l’écran, festival importé ex nihilo à Tours,
Voici Extensions qui, je l’espère, aura une vie longue et riche.
Cette première soirée – première pour moi – est de bon augure.
Cinq courts-métrages « documentaires » sont mis en musique en direct par une clique hétéroclite.
La musique créée pour l’occasion donne un relief certain à ces films très différents les uns des autres, sans jamais écraser les images.
A propos de Nice (1930), de Jean Vigo. Ce film propose une vraie vision sociale du Nice du début du XXème siècle. La haute société prenant agréablement le soleil se débauche bientôt avec l’arrivée du Carnaval. Pendant ce temps, les ruelles serrées, loin de la Promenade des Anglais, sont le théâtre de travailleurs, de gamins, d’oiseaux morts.
Undo (2004), de Jean-Gabriel Périot. Ce film nous emmène du monde actuel à l’origine du monde par une succession d’archives passées en marche arrière. Les catastrophes naturelles s’annihilent ainsi elles-mêmes, les tours de New York se reforment, les fabricants de sardines rendent les poissons à la mer, les mangeurs redonnent les aliments à la nature, le doigt de Dieu annule sa création, nous retournons au néant. C’est très ludique. Mais on a plus l’impression que le réalisateur s’est bien amusé sur sa table de montage qu’il n’a de véritable vision de notre monde.
Glass (1958), de Bert Haanstra. Le film a été projeté avec sa musique originale, conçue ad hoc. Les souffleurs de verre jouent véritablement de leurs instruments à vent. La musique se fait écho de ces musiciens du verre. Ils caressent leurs instruments, sont de véritables artistes en train de construire des œuvres uniques. Parallèlement, l’usine mécanisée de fabrication de bouteilles ne souffre aucune humanité… à part quand la machine déraille dans un fracas de verre cassé.
The Trainstop (2000), de Sergei Loznitsa. Des gens dorment assis dans un espace public, on suppose une gare. On les découvre un à un dans une lumière lointaine. Le malaise apparaît : d’abord par la longueur du film (25 minutes de gens qui dorment), puis par cette sorte d’hypnose que créent ces personnages. Le décalage entre « dormir » - activité intime - et cette salle d’attente publique crée une drôle d’impression de douce violence, à laquelle contribue pleinement la musique jouée et chantée en direct.
Zoo (1962), de Bert Haanstra. Derrière les grilles du zoo, se succèdent les images des animaux - enfermés - et des êtres humains - en liberté ? Les comportements des uns et des autres s’imitent. On se souvient alors que nous faisons partie intégrante du monde animal.
Les musiciens ont réellement réussi à faire vivre ces films apportant leur touche propre sans jamais se mettre en avant. Je regrettais sur le coup qu’ils soient cachés derrière l’écran et donc invisibles du spectateur. Je crois maintenant qu’ils ont réussi à faire de cette soirée une vraie soirée de cinéma, de cinéma vivant.
Extensions dure jusqu’au 17 novembre.
Le programme est alléchant ; il est fort probable que j’en reparle bientôt.
Espérons seulement que ce travail en commun de sept structures tourangelles bien implantées (l’association Contre-Feux, Sans Canal Fixe, Work in Progress, l’Atelier Super 8, la Cinémathèque, les cinémas Studio et la Vidéothèque municipale des Fontaines) puisse perdurer. Ces différents acteurs locaux offrent un « cinéma autrement » - c’est d’ailleurs le sous-titre du festival – loin du cinéma industriel. Se montrent ici des films qui cherchent, qui explorent, qui donnent à voir le monde dans toute leur esthétique, échappant aux sentiers battus.
Souhaitons que ce beau projet ne connaisse ni les enjeux de pouvoir ni les querelles de clocher.